Je veux te faire taire de mes lèvres et étouffer tes
murmures dans les tréfonds d'une nuit sans Lune; pour sentir ton souffle
faiblir, les yeux mi-clos, d'un sommeil artificiel. Viens je te veux te faire
voir ma vision de la nuit : délicieusement silencieuse. Je ne veux pas de cris
dissonants sous un fond d'électro peu travaillé dans les flots de l'alcool.
Cette fois je ne veux pas d'illusion, mais un semblant de véritable. Regarde ce
que je vois. Je veux que tu atteignes
les profondes de mon regard pour en déceler tout l'éclat. Je veux combler les
étoiles. Présomptueux non ?
Nous n'avons pas besoin du jour. Tu es la Lune, et je serais
la Nuit. Vois nos deux présences en cette rue si affriolante du peuple, le
soleil haut dans le ciel. Ce soir, elle nous appartient. Plonge toi dans les
ténèbres du crépuscule, laisse toi aller. C'est une beauté infime et brute. Tu
en seras l'éclat, le joyau qui donne un sens à cette absence de clarté. Je veux
te dévorer, toi tendre splendeur qui me nargue de là haut. Je veux que tu
justifies mon existence. Je serais les sombres songes qui te courtisent, Lune
inaccessible et audacieuse. Je veux être tes seuls tourments. Ne souffre que
par ma présence. Je veux te glisser entre mes étreintes de glace, et tu succomberas sous mes baisers de givre. Je
veux déposséder toute la chaleur de ton
corps délicat. Embrasse mes lèvres gelées. Brûle-les. Je ne suis que froideur.
- Rend moi vivant, bordel !
Je veux que le froid te transperce, que mes griffes te
traversent. Laisse-moi me délecter du somptueux liquide qui cours en toi, plus
rouge que le velours. Fais-le couler à flots sur mes membres gelés. Observe ce
contraste magnifique. C'est le noble couple de nos fragments de vie. Ressens le
souffle tremblant que je t'insuffle au creux de ton cou. Et craque lentement,
de la nuit qui t'emporte, de ce froid frissonnant qui te dévore. Je suis
partout en toi.
La nuit te vole le coeur et le froid te brisera le corps. Je
t'ai enfin possédé. Une éternité que tu me nargues. J'ai le terrible espoir
qu'en cette nuit sans lune, tu n'ais eut seule pensée que ma personne; que
parmi nos étreintes, et nos baisers à l'aveugle, tes lèvres, elles, aient
esquissées l'espace d'une seconde, un semblant de sourire. Mon être est de
glace. Mon coeur est de glace. En acceptant de t'aimer, j'accepte de mourir.
Mais grâce à ce sourire, mon dernier souffle peut venir s'éteindre dans les ténèbres
du monde. Désormais, c'est toi qui les contrôles. Entre tes bras et d'une
douleur exquise, mon coeur se brise en mille éclats.
E.J.S { Mad Hatter }.