jeudi 3 janvier 2013

Lettre de guerre...!


Cher père, chère mère

Á l’instant où je vous écris, je me trouve dans une petite tranchée de seconde ligne. Mon bras droit me fait un peu souffrir mais je suis parvenu à chasser les idées noires qui me tourmentaient. Cette tranchée est étroite, boueuse et inconfortable, cependant je sens mon cœur battre dans ma poitrine, je sens mes poumons s’emplir d’air, je me sens en vie. Ces derniers jours, pas une fois la terreur ne m’a quittée. Lorsque je me trouvais en première ligne, j’ai découvert le véritable sens du mot « enfer ».

Les obus ont plu tel un orage d’acier. Le ciel avait perdu sa belle teinture bleutée sue j’aimais tant étant enfant. L’air devenait irrespirable à mesure que nos troupes avançaient. Le son du vent à travers les arbres et les petits oiseaux chantants laissait place à un horrible vacarme « d’insectes bourdonnants ». Tous mes sens disparaissaient les uns après les autres. Les cadavres… que dis-je, les membres humains, étaient éparpillés sur toute surface.

Père, mère, la guerre m’a achevée, aussi physiquement que psychologiquement. Elle m’a dépourvu de toute humanité et détruit le mince espoir que je gardais au fin fond de mon âme. Je ne sens plus le goût de la nourriture que l’on me sert. Seule une terrible sensation de mort m’habite désormais. J’ai du sang plein les mains. J’ai du gaz plein les poumons. Et un étrange désir de vengeance. Je voudrais stopper ce massacre sans précédent. Je voudrais me révolter contre le monde entier, leur dire que nous ne sommes pas des machines à tuer, que nous sommes tous des hommes, tous des frères, des compagnons, des amis. Et qu’il est purement insensé de faire combattre des frères ensemble. Toutefois, m’écouteront-ils ? Feront-ils le moindre effort pour pouvoir me comprendre ?

Je n’ai plus de forces. Je pense qu’elles m’ont quittées il y a bien longtemps. Mon âme, elle, s’est dispersée depuis lors. Peut-être était-ce quand mon regard s’est posé sur ce corps qui me semblait familier. En le retournant, j’ai vu qu’il s’agissait de mon plus cher compagnon. On m’a alors forcé à le porter et à le mettre sur un tas d’autres. Entassés, comme des animaux.
Père, mère, je souhaite que le reste de votre vie demeure malgré tout, paisible, dans la mesure du possible. On m’a souvent reproché d’être trop pessimiste. Aujourd’hui, je suis purement et simplement réaliste. Je le sais. Je le sens. Je n’en ai guère pour très longtemps avant que l’on ne me range dans le tas de cadavres, avec tous les autres. Père mère, ne soyez pas trop malheureux, je sub
sisterais éternellement dans vos cœurs.

Affectueusement.
Votre fils Ethan Jasper SPARKS.





E.J.S { Mad Hatter }.