lundi 25 mai 2015

Rêver ou ne pas rêver, c’est là la question.


Entre Lysandre.

LYSANDRE. — Rêver ou ne pas rêver, c’est là la question. M’accusant d’utopie, c’est la désillusion que je considère dans votre regard. Que me présentez-vous, plein de considération ? Une vraie réalité ? J’en demeure encore interdit. Est-ce un mal que de prétendre à l’eau claire quand le reste n’est que marée ? Oui messieurs, je prône de rêver, mais me dispense à l’idéalisme. Les yeux ouverts, le sourire piètre, la démarche chétive. Je m’interroge sur le sens de votre identité.

Des pas lourds, des heures longues… (parcourt la scène) Que de choix, vie enviable ! Quel accablement ! Votre destinée mérite le désir ? Au royaume des aveugles, je ne suis pas le roi. Ecarté et indésirable, quelle fatalité m’imposez-vous ? Qui voudrait suivre une existence … dénuée de désirs ? Ainsi absente de passion, pour ne dire vaine ? Je me le demande. 
Je suis rêveur ? Mais des rêves…  Diable ! N’en sommes-nous donc pas bercés ? Et tout ne meurt donc pas vers l’âge de raison ? Dans l’éclat de vos fourbes mensonges. Pardon à vous, j’ai sauté cette étape, et demeure infaillible.
Les songes sont le jour ; les songes sont la nuit. Tels des mirages, des mythes, des espérances, peut-être des chimères. Néanmoins, cette dernière ne cesse de m’apparaître sous le trait de vos visages.

Me crachant au visage, à tort et à travers, que mon monde virtuel n’est qu’illusion ! M’y cacherais-je ? Pas du moins. Ce n’est pas une fuite, puisque je suis là, à ce jour, sur mes deux pieds, dans le « réel ». Qu’est-ce le réel ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? Si vous le concevez, existe-t-il vraiment Oui, je m’affirme dans l’imaginaire. Je dépasse vos limites, vos frontières, vos contraintes. Moi, mon monde est infini. Je construis et reconstruis, je crée, j’assemble, je forme, je compose. Je ne rêve pas, je vis.
C’est vrai, je fuis. Je fuis l’humiliation de votre société, votre crainte d’une foi absurde, vos enjeux de pouvoir corrompue. Je me désole de votre soif de souillures. (regarde le sol)

Je suis un voyageur, et je parcours mille fois le chemin de la vie. Si mon orientation est encore incertaine, j’errerais, en quête de concepts nouveaux. (lève la tête haute vers le public)

Je clame mes mots aujourd’hui, Père, Mère, Professeurs ! je me refuse à votre infâme réalité ! Je contemple une réalité plus manifeste que celle dont vous élogiez. Au revoir, je pars vivre ! 


E.J.S { Mad Hatter }.