vendredi 22 février 2013

Idéaliste anéantit ...!

Je me contentais d’observer, de regarder, lasse de toute émotion apparente, le triste spectacle s’offrant à moi. Ma déception fut telle que seule la pesanteur retenait mes pieds à terre. 

 La nuit passée, je m’étais endormie avec difficulté. Mon imperceptible impatience se justifiait souvent par un manque de sommeil. Mon esprit semblait vagabonder de toute part, à la recherche de questions sans réponses. Je me ressassais tout souvenirs ou évocations semblables à la beauté. Les faibles souvenirs de ma petite enfance me ramenaient inconcevablement vers cette journée féerique où l’on m’avait emmenée dans ce curieux endroit dont aucun mot ne parvenait à décrire sa véritable nature. Ce jour nouveau était désormais arrivé. Mon petit paradis terrestre allait finalement se matérialiser sous mes yeux pétillants, dans mon cœur, au creux de mon esprit tout entier. Les paupières lourdes et le souffle régulier, mes songes eux-mêmes ne se projetaient qu’au lendemain, preuve que mon subconscient demeurait rempli de magie. Ce rêve revenait sans cesse ces dernières nuits, sans pour autant que je puisse, un temps soit peu m’en lasser, ne serait-ce qu’une fraction de seconde…


J’étais seule au milieu de hautes herbes. Je m’engageais sur un petit chemin me semblant dégagé. Ce dernier menait à une prairie verdoyante de toute beauté, non loin d’une cascade infiniment plus belle que dans mes souvenirs. Le temps semblait s’être stoppé durant plusieurs secondes, quoique toute notion de temps ayant disparu de mon esprit, il aurait pu tout aussi bien s’écouler une heure entière que ça n’aurait point troubler ce sentiment de paix m’habitant.
Le ciel exprimait une pâle teinte grisâtre. Quelques doux rayons lumineux venaient percer ce ciel miraculé. Une légère brise de vent demeurait alors que les feuilles des arbres s’hérissaient légèrement et…

Mes yeux s’ouvrirent si soudainement sous la sonnerie du réveil qu’il me fallut plusieurs minutes pour réaliser le fait que je me trouvais encore entre mes draps. Tout cela deviendrait une  réalité.
Je descendis de l’autobus qui m’arrêtait devant un vieil arrêt abandonné. Une imperceptible sourire aux lèvres, je courus autant que mon corps me le permit à travers les feuillages. Mon cœur cognait à travers ma poitrine. Je respirais difficilement. Tandis que je m’engageais à travers les arbustes, une allée se dégagea. Je traversai à perdre haleine et aperçut le petit talus de mes souvenirs menant vers mon petit paradis terrestre quand soudain je sentis mon cœur rater un battement…
Mes yeux s’écarquillèrent sous ce spectacle désolant. Mes épaules s’affaissèrent lourdement, semblant porter la totalité du malheur humain. Mon idéaliste eden ne comprenait pas la moindre ressemblance avec celui de mon enfance. Une petite partie de mon âme se brisa et le tableau m’apparut de plein fouet.

La verdure semblait stérile et abandonnée depuis plusieurs années. Désormais, la cascade bleutée de mon rêve était recouverte de déchets, d’ordures, d’immondices les plus horribles que j’eusse vue. Dépourvue de toute humanité, la terre avait perdu son éclat étincelant. Le ciel, couvert de nuages, semblait prévoir une pluie incessante à la vue de ses nuances. Je ne parvins pas à décrire les sentiments m’habitant, tant je me sentais désorientée. Entre déception et écoeurement, dégoût et tristesse, frustration, accompagnée d’un sentiment de vide qui ne me quittait plus. Aussi, je ne fus nullement tentée de faire un pas de plus. Avec la forcé des années, la contamination et les détritus semblaient avoir succédés à toute beauté de ce lieu. Telle était la preuve même que la moindre parcelle pureté est anéantit en cette société abjecte.





E.J.S { Mad Hatter }.