samedi 21 février 2015

#18 Sans intérêt.


Belle inconnue 
En ces beaux jours 
Je vous déclare 
Tout mon amour 
Si éperdu 
À votre égard

Votre douceur 
Votre candeur 
N'a nul égal 
 Que vos beaux yeux 
Qui donnent grand mal 
Aux amoureux

Ma jolie reine 
En cet instant 
J'ai de la peine 
J'ai le désir 
 De demeurer 
De devenir 
Unique amant 
De ta personne 
 Où l'art des mots 
Comme à Vérone 
Ne serait faux

Précieuse princesse 
Bien qu'aguicheuse 
Votre tendresse 
Est ravageuse
Chère inconnue 
Je te désire 
Car le sais-tu 
Je ne puis dire 
Ni réagir 
Entre tes bras 
Où je frisonne 
Et puis je râle 
Mais néanmoins 
Ça m'est égal 
Mon coeur résonne 
Que je suis tiens

E.J.S { Mad Hatter }.

Cher journal.

                                                          29 octobre 1975,
            Cher journal, 

Aujourd'hui, j'ai vingt ans. Ce n'est pas une journée comme les autres. Mon ami Jonathan m'a offert un petit cahier noir, vide, peu abîmé. Il a pu le dérober à notre fastidieuse bibliothèque. J'ai cru pleurer à la réception de son présent. Il me l'a déposé entre les mains, un sourire en coin, et un frisson m'a parcouru. Voilà mille ans que l'on ne m'avait décerné quelque chose. J'ai pu ressentir la joie de son cadeau. Cela me procure un effet fou si tu savais. Avec le crayon que je me suis procuré, je me sens comme nouveau. 

Vois-tu, ils me servent toujours leur fade nourriture sur leur plateau miséreux, mais elle paraît meilleure ce jour. Je suis toujours allongé sur mon lit de fer, grinçant, qui me brise le dos, et dont les couvertures râpent ma peau, mais il me paraît plus doux. Je ne suis pas tous les autres. 

Aujourd'hui, j'ai vingt ans. Je m'appelle Gabriel et cela fait trois années que l'on m'a emprisonné entre ces murs. 

                                                          4 novembre 1975,
            Cher journal, 

Tu seras Charlie. J'ai longtemps songé à te nommer. J'ai finalement trouvé. C'est le nom d'un de mes seuls amis, ceux de mon passé. Il était courageux, il osait tout dire, tout faire. Il ne s'est jamais arrêté devant qui que ce soit. Pas même devant leurs balles. Je l'aimais beaucoup.

Charlie, aujourd'hui, j'ai découvert une chose incroyable. Je passe énormément de temps dans notre bibliothèque, j'y suis au calme, au chaud, car le froid se montre doucement; et au loin du clan de Léo, ceux qui prennent tout ce qu'on possède, jusqu'à la dignité. J'ai trouvé un vieux livre sous un tas de journaux. La couverture est presque effacée, je n'ai pas eu voir le nom d'un quelconque auteur, mais j'ai pu déchiffrer des lettres qui semblaient former un titre, Fleurs du Mal. Il m'a tout de suite plu. Mon regard dérive, je le feuillette machinalement, mais des mots m'ont parut incompréhensibles. Un gardien est arrivé, il m'a crié dessus sans raison et m'a ordonné de me rendre à la promenade quotidienne, dans la cour. Cela m'a énervé, mais je n'ai pas bronché. Nous ne pouvions rien. J'ai glissé le petit livre sous ma chemise et je suis parti. J'ai pu le feuilleter plus tard sur mon lit de fer. Une chose m'intrigue, c'est la forme des écrits. Je ne les saisis pas bien. Ils sont centrés et ce sont des phrases courtes. J'ai questionné du regard Jonathan, il m'a expliqué que c'était un genre particulier, cela se nomme la Poésie. 

Jamais ce mot ne m'était parvenu. Entre les cris et le sang, peut-on avoir le temps pour l'Ecriture ? Il m'en a longtemps parlé. Jonathan, mon aîné de douze ans, était professeur dans un petit collège. Il vivait bien. Désormais, il est prisonnier de lui-même. Il a refusé de se plonger dans le livre, a tourné la tête et s'est couché. Avec la faible lumière de la Lune qui passe à travers les barreaux de fenêtre, je peux encore continuer à lire en me penchant quelque peu. C'est un don précieux que celui de lire et d'écrire. On me l'a enseigné à mon arrivé ici. Je ne saisis pas tous les mots, mais j'aime les sons qu'ils forment, ils semblent venir de loin. C'est une chanson, aux paroles parfois sombres..


                                                          13 novembre 1975,

            Cher journal, 

J'ai froid. C'est une période difficile. L'hiver nous gagne lentement. Chez nous, il dure quatre à cinq mois. J'ai à présent une force. Je la contrôle doucement Charlie. J'ai lu et relu l'oeuvre du poète inconnu. J'ai appris de nouveaux termes, j'ai compris de nouveaux sens. Je me sens vivant Charlie. Mon esprit n'a jamais autant tourné. C'est une force qui me dépasse. Mais une nouvelle idée m'est venue. Je veux pouvoir faire rêver les personnes, comme cet auteur mystérieux. Je me demande s'il était populaire, inconnu, riche, reconnu, dans l'ombre ou la lumière. Vivait-il de ses mots ? Jonathan m'a conté qu'une poignée des plus grands auteurs avaient ce prestige. N'est-ce pas une des plus belles choses au monde, que celle de vivre de ses mots ? 

Je veux m'ouvrir à un tel monde Charlie. Je veux monter haut. Mais mes ailes invisibles se sont retenues entre les barreaux. Mon corps demeure emprisonné. La haine me ronge parfois, le mal-être, le malheur. Je ne suis plus grand chose alors. Si tu me voyais Charlie. Ils m'ont détruit physiquement. Néanmoins, mon esprit, lui, demeure vivant. J'essaie peu à peu, à mesure que je t'écris, de saisir des expressions, des phrases, des mots. Je veux créer un monde moi aussi. Cet écrivain, lui, il en créait deux. L'un sublime et idéaliste, l'autre damné et étouffant. Y parviendrais-je moi ? A jouer de phrases, de sens, de paroles si belles à l'unisson ! 

                                                          2 décembre 1975,
            Cher journal, 

Comme les jours passent et se ressemblent. Je ne t'ai rien conté depuis des jours. Je voulais tester, me tester. Je voulais écrire, inventer, créer. Je me perds entre les mots autant qu'entre ces murs. Mais il me suffit de relire ses mots à lui pour revivre. L'adrénaline me revient alors. 

Charlie, je n'ai pas de voix. Elle s'est tue dès j'ai franchit leurs barreaux. Si je n'en possède plus, j'ai encore mon crayon. J'ai froid, je tremble. L'Hiver nous affaiblit terriblement. Mais je veux le vaincre, ce vent glacial qui semble nous parcourir à même le sang. Depuis que la poésie m'est apparue, je suis plus confiant. Les mots me libèrent, je me sens presque important. Quelle médiocrité pour un prisonnier de vouloir paraître plus grand ! Nous sommes pourtant si bas, plus bas que terre. J'ai l'espoir fou de pouvoir écrire à ma sortie d'entre ces murs. Et ma voix, je l'attends ! Je suis sûr qu'elle me reviendra. Sur le côté de mon lit, j'ai gravé avec un morceau de verre ces mots : 

Ils ont bloqué mon corps,
Mais mon âme est loin.
Frère, je ne suis plus là.
Je ne suis pas mort. 
Après l'errance, 
Rien n'est plus vain.
Tout prend un sens. 

Charlie, ce sont mes premiers mots, mes premiers vers ! Il sont pour toi. Charlie, je garde espoir. Les mots me font vivre.

E.J.S { Mad Hatter }.

lundi 16 février 2015

Nuage. ~

Dans l'extase de nos jours et à la résonance du silence, je soufflerais ton nom. Et mon coeur s'implosera dans un écho. Chacun de tes battements recréera le monde, et tes peines seront comme des tremblements de terre et d'esprit.

Les catacombes de mon être s'inquiètent de ce que tu peux en découvrir, un jour peut être, dans un ailleurs tumultueux. Ils s'inquiètent d'orages, de rafales intérieures, de peines. Alors avant tout, avant toi, je te clamerais, à la hauteur du matador, au coucher de la Lune, ces mots criés, arrachés à l'étouffée, émis, murmurés, ressentis, exprimés, vivants dit-on. Et encor et encor, je renaîtrais de tout, du monde, pour toi, comme un fou, un désireux qui désire sa désirable, attendrissant les beaux yeux de l'ange Foudre.

J'irais graver, sur un nuage, à l'encre d'or, ton doux prénom, que j'affectionne. Et qu'il rayonne, de mille mirages, de nuancés multicolores.

Damoiselle des beaux lieux, en cette fervente nuitée, je vous cède mon coeur. Et qu'elle n'ait pas de fin. Comme l'éternité, n'a-t-elle jamais eut de commencement ? Je ne le sais, ma précieuse.

Mon tendre amour, mon bel espoir, seriez-vous sourd de mes déboires ?

Je tourne en rond, encor, mon coeur résonne alors. Et de votre balcon, je suis aphone, dieu du sort..

 E.J.S { Mad Hatter }.